Interview Business Immo de Pauline Duval sur le Realestech

Interview Business Immo de Pauline Duval sur le Realestech
Pauline Duval, directrice générale du groupe éponyme, met en lumière 40 entrepreneurs qui tentent de réveiller et de réinventer l’immobilier à travers la publication du livre blanc « Realestech ». Et, formule, par la même occasion, trois pistes de réformes, dont la mise en œuvre d’un concours national de création d’entreprises innovantes dédiées à l’immobilier pour les jeunes et/ou d’un prix « jeune entrepreneur immobilier ». Entretien exclusif avec une décideuse de demain.

Source - Interview parue dans Business-Immo le 23 octobre 2017 

Business Immo : Vous publiez le livre blanc « Realestech » qui consacre 40 start-up de l’immobilier à suivre. Pourquoi ce recueil inédit et quel est son objectif ?

Pauline Duval : La conquête de l’immobilier par les start-up s’est mise plus doucement en marche qu’ailleurs. Nous voulons démontrer que l’immobilier peut être bien plus mobile qu’aujourd’hui même s’il l’est déjà plus qu’hier. Nous présentons ici une sélection de 40 jeunes pousses que nous voulons valoriser. Avec cette sélection de start-up qui s’articule autour d’une étude sur le profil type du start-upper et un décryptage de Robin Rivaton, nous voulons apporter un éclairage à la « startupisation » de l’immobilier ou Realestech que nous souhaitons encourager. Notre intention est également de mettre en avant les ruptures, aussi innombrables qu’inévitables, qui vont impacter ce secteur.

À l’heure de la révolution digitale, la question stratégique pour tous les groupes immobiliers est de s’adapter aux mutations de leurs clients et d’améliorer leurs expériences dans le tertiaire comme dans le retail. Ces start-up peuvent contribuer à renouveler notre secteur en infusant leur capacité de disruption et en inventant de nouvelles normes de marché. Nous avons également voulu mettre en lumière ce potentiel incroyable de création d’un nouveau monde immobilier. Les témoignages de ces entrepreneurs permettent à chacun de comprendre la montée en puissance du phénomène start-up dans l’immobilier, les services concernés et les nouveaux besoins des utilisateurs auxquels elles permettent de répondre, les erreurs qu’ils regrettent et dont peuvent s’inspirer tous ceux qui souhaitent se lancer, ainsi que leur rapport à l’innovation et son impact financier.

Établir une stratégie qui permette d’accompagner et d’anticiper la transformation de l’immobilier commercial et de bureaux fait partie de notre expertise. Du golf au tourisme en passant par le retail, nous voyons au quotidien notre activité immobilière se transformer en profondeur. Avec ce livre blanc, nous souhaitons partager des initiatives séduisantes qui méritent d’être valorisées par leur potentiel d’inspiration. Toutes ces belles initiatives doivent savoir qu’elles peuvent trouver en France des entrepreneurs capables de les accompagner pour lever des fonds, à l’image de notre groupe familial. Les entreprises de notre taille savent à quel point le dynamisme et l’innovation de ces start-up peuvent permettre le renouvellement de notre métier en profondeur. La Realestech ne fait que commencer.

B.I. : Justement, l’économiste Robin Rivaton, estime que « l’immobilier, plus gros secteur de l’économie française et mondiale, semble rester immobile ». Quid de vos propositions pour révolutionner ce secteur ?

Pauline Duval : Nous avançons trois pistes de réformes simples : la mise en œuvre d’un concours national de création d’entreprises innovantes dédiées à l’immobilier pour les jeunes et/ou d’un prix « jeune entrepreneur immobilier », la création d’un Institut du mentorat entrepreneurial dédié à l’immobilier et un mécanisme d’accès privilégié et simplifié des jeunes entreprises à tous les lots immobiliers des marchés publics. Ces trois propositions vont dans le même sens : inciter tous les porteurs de projets à se lancer. Elles visent également à permettre à ces start-up d’irriguer l’ensemble du secteur immobilier en favorisant l’insertion de leurs innovations dans tous les marchés publics auxquels elles ont du mal à accéder. Les ingrédients de la révolution sont là. Pour la mettre en marche, je crois à la force de la valorisation de l’initiative. Je souhaite contribuer à ce que la réussite ne soit plus stigmatisée, mais encouragée, et que l’échec ne soit plus montré du doigt, mais utilisé pour rebondir professionnellement.

B.I.: Comment le groupe Duval contribue-t-il à créer l’écosystème le plus favorable possible au développement des jeunes pousses de l’immobilier ?

Pauline Duval : Nous sommes un groupe familial. Cela fait de nous une entreprise pas comme les autres. Nous ne sommes pas un fonds d’investissement et accompagnons sur le long terme les start-up dont nous considérons qu’elles ont le plus grand potentiel. Nous les soutenons financièrement, bien sûr, mais aussi en suivant au quotidien la stratégie déployée par ces jeunes acteurs entrepreneuriaux. Nous avons aujourd’hui accompagné une dizaine de jeunes pousses qui sont toutes aussi bluffantes d’agilité. L’agilité est une valeur cardinale à laquelle je suis très attachée. Je crois d’ailleurs que c’est la souplesse de notre organisation familiale qui a construit le succès actuel. Nous sommes heureux de voir des jeunes pépites devenir des succès commerciaux, à l’image de l’application de paiement mobile Lydia, aujourd’hui proche du million d’utilisateurs.

B.I. : Parmi les jeunes pousses qui prennent la parole dans ce livre blanc, certaines d’entre elles ont-elles retenu votre attention ?

Pauline Duval : Les 40 sont des pépites ! MyNotary reste le concept qui m’a le plus interpellée. Le notariat est le parfait exemple d’un métier que l’on décrit trop systématiquement comme l’incarnation d’un monde ancien. Cette start-up innovante démontre que l’on peut tirer le meilleur de la coopération des deux mondes. Voilà qui est très inspirant.